Mon BARF à moi - Retour sur expérience de l'alimentation crue

Kézako?

Tantôt considéré comme un phénomène de mode, tantôt comme un retour à la nature réelle de nos carnivores domestiques, en tout cas une chose est sûre, l'alimentation crue est loin de laisser indifférent.

Essayons d'établir un petit lexique du cru pour y voir plus clair...

BARF : ou "Biologically Appropriate Raw Food" pour les intimes. Il s'agit du nom donné au régime à base de viande, os charnus, abats, purée de légumes et compléments, élaboré par le Docteur Ian Billinghurst, vétérinaire australien.

Aujourd'hui vulgarisé il désigne globalement les régimes à base de viande crue ou (et à tort parfois) tout ce qui n'est pas une croquette.

Raw feeding : second grand courant de l'alimentation crue, créé par le vétérinaire Tom Lonsdale, qui exclut les légumes et compléments.

Plusieurs courants se sont créés autour du Raw Feeding, comme le Whole Prey (proies entières), ou le Prey Model et Frankenprey (reconstitution d'une proie à partir de différents morceaux d'animaux).

Os charnu : Elément essentiel du régime cru, ce terme un peu barbare désigne la pièce constituée par un os d'animal non dénudé, entouré de toute sa viande, avec ou sans sa peau (par exemple une cuisse ou un aileron de poulet, un cou de dinde ou de canard, un dos de volaille, un coffre de lapin, une queue de boeuf).

Ils doivent être adaptés à la taille de l'animal de façon à ne pas être gobés ni poser trop de difficultés à avaler.

Pourquoi le cru?

Quand il s'agit de nourriture, disons que ma chienne est...chiante difficile, et ce à tous points de vue.

Lui trouver des croquettes adaptées et dont l'étiquette me satisfasse a été un vrai parcours du combattant, et même une fois le bon équilibre qualité de la composition/selles satisfaisantes trouvé avec les Farmina GF, notre quotidien restait ponctué d'attaques chimiques plus que régulières.

Donc j'ai lu. Et lu. Et lu encore.

Parce qu'à mon sens, un régime cru mal fichu est tout aussi, voire plus dangereux que de la croquette de mauvaise qualité.

Beaucoup de sites regorgent d'informations plus ou moins exactes, pour moi la référence francophone en la matière reste Tribu carnivore (via leur site et leur groupe facebook).

Et une fois bien documentées...on s'est lancées.

Notre cru

Le bon cru commence par un bon stock. Bien documentée j'ai établi un "plan d'action", et fait mes petites courses en ligne en conséquence.

J'avais déjà un congélateur coffre à la cave, et effectivement avoir un gros espace de stockage me semble difficilement évitable pour ne pas se ruiner quand on a un chien de plus de 10 kg qui va manger au moins 75 % de son poids en viande par mois.

On a donc rempli le congélateur nouvellement organisé de filets et cuisses de poulet ainsi que de viande de dinde pour les trois premières semaines.

Pour un chien adulte, on estime le poids de la ration quotidienne à environ 2,5 % de son poids corporel, et on adapte en fonction des variations de poids.

Pour un chiot ce sera entre 10 et 4 % de son poids en fonction de son âge.

Chez nous, on est à plus de 4 % par jour à treize mois pour garder un poids de forme.

Et c'est parti! On commence donc par le jeûne (sauf pour les jeunes chiots) afin de préparer l'acidité gastrique, et ainsi se fait la transition. On ne mélange pas cru et croquettes!

Puis vient l'heure de la première gamelle, filet de poulet et carottes crues réduites en purée, engloutie en dix secondes chrono en main.

S'en suit une semaine...disons d'adaptation gastrique, pendant laquelle les selles, sans être liquides ont doucement transité de la consistance "bouse de vache" vers un état plus solide, en passant par l'étape "glace à l'italienne".

Pour aider cette phase, on peut donner différents suppléments comme le psyllium blond, le vinaigre de cidre, l'argile ou le kéfir de lait.

Puis, une fois que les selles sont stabilisées dans un état satisfaisant, on introduit les os charnus : cuisses de poulet à hauteur de 45 % de la gamelle.

Et là, c'est le stress. On repense à toutes ces histoires d'étouffement ou de perforations que mettent en avant les détracteurs du BARF, et on pose la gamelle, l'estomac noué.

Crounch, crounch, croq, et gloups! C'est très impressionnant, mais les chiens croquent les os charnus pour les casser de façon à pouvoir les avaler sans peine, ils ne mâchouillent pas pendant des heures comme avec les "os récréatifs", ils ne cassent pas l'os charnu pour en ingérer des petits morceaux.

Quelques coups de crocs pour assouplir la pièce et direction l'estomac!

C'est impressionnant, mais avec le temps on apprend à leur faire confiance et à se détacher de ce spectacle (ce qui est préférable pour ne pas leur transmettre nos angoisses).

Dans les semaines qui ont suivi, on a tranquillement suivi notre plan des introductions de viandes différentes (une par semaine, en finissant par le bœuf), aucune intolérance à l'horizon on est passés aux abats, et enfin aux poissons.

Retour sur expérience

Et aujourd'hui, presque six mois plus tard, qu'en dire? Objectivement, que du bon.

D'un point de vue digestif, ça a été radical. Littéralement du jour au lendemain, on est passées d'un pet tous les quinze minutes à plus rien ou presque.

Les selles, si elles n'ont pas baissé en fréquence (deux fois par jour) ont été réduites d'environ deux tiers en volume, et sont beaucoup plus régulières.

Ma chienne est la plus belle, musclée, son poil est incroyablement brillant sans compléments, mais surtout et le plus important, elle qui grignotait ses croquettes du bout des dents prend plaisir à manger chacun de ses repas.

Et je la comprends, en regardant ses gamelles, ça donne (presque) envie.

On est rapidement passées d'un régime BARF (donc avec légumes) au début à un régime Raw, Mademoiselle arrivait à trier la purée.

L'introduction du poisson a été un peu compliquée, mais en insistant et en le donnant congelé elle le mange aujourd'hui sans problèmes.

Chose amusante, elle avait tendance à se réguler en enterrant sa ration du samedi matin (certains chiens jeûnent spontanément au cru, ce n'est pas alarmant), nous avons donc supprimé ce repas.

Et en déplacement, pas de soucis, on part avec un bloc de viande dans une glacière et on complète au besoin en faisant les courses sur place.

Alors oui, ça paraît bien compliqué quand on commence à se renseigner mais au final ce n'est pas si sorcier que ça en gardant en tête quelques règles élémentaires :

• Chaque nouvelle source de viande doit être progressivement introduite, sans se précipiter au risque de saboter votre passage au cru,
• Une gamelle équilibrée, à terme, se composera d'environ 40% de pièces avec os, 50 % de viande sans os, 5 % de foie et 5 % d'un autre abat, le poisson étant donné à hauteur de l'équivalent d'une ration quotidienne par semaine (en une fois ou réparti sur toute la semaine), les légumes sont optionnels,
• Il faut aussi varier les sources de protéines, en général on recommande au moins trois viandes différentes dont une rouge, et personnellement je fais attention à ce que sur une semaine les gamelles soient composées de viande de volaille (poulet, dinde, canard) et de mammifères petits (lapin) et grands (boeuf, agneau, cheval, cerf).
• Si c'est un peu moins simple que de verser les croquettes dans la gamelle, ça ne demande pas énormément de temps, je pioche au jour le jour dans le congélateur pour sortir ce dont j'ai besoin pour le lendemain,
• S'il faut évidemment respecter les règles élémentaires de l'hygiène alimentaire (se laver les mains avant et après avoir manipulé la viande, laver régulièrement les gamelles et les surfaces de préparation), le risque de contamination par des bactéries et parasites n'est a priori pas plus élevé au cru qu'avec des croquettes, notamment à raison de l'environnement hostile que constitue le système digestif d'un animal nourri au cru pour ses habitants indésirables,
• Si l'idée d'acheter des barquettes ou boudins de "broyé tout prêt" peut sembler être un bon compromis, la majorité des sources s'accordent à dire qu'à moins de pathologies particulières (chien édenté par exemple) et sauf si vous ne pouvez vraiment pas trouver de viande à des prix acceptables, il vaut mieux éviter ce genre de produit (notamment parce qu'on ne sait pas exactement ce qu'il y a dedans, qu'on ne peut pas moduler la gamelle en fonction des besoins spécifiques de chaque chien, et que c'est très cher pour ce que c'est),
• Ça ne nous revient pas plus cher que des croquettes ultra-premium (on est plutôt sur 10 à 20 euros de moins par mois, 110 pour une chienne de sport de 40 kg), je me constitue une "base de stock" sur Easy-barf grâce au groupe de commandes de ma région, et je chasse les bons plans. Certains arrivent à s'en sortir pour beaucoup moins cher, pour d'autres (et souvent ceux qui ont des petits chiens et pas de congélateur) c'est l'inverse. Tout dépendra surtout de la chance que vous aurez dans votre démarchage de fournisseurs. 

Où se fournir?

Pour notre part, on s'est documentés :

• Principalement chez Tribu carnivore,
• Ou alternativement sur le site BARF-asso,
• De nombreux livres sont aussi consacrés au sujet, dont celui-ci que j'ai acheté.

Et en matière première :

• Sur le site Easy-barf, pour se faire une bonne base de stock de qualité (pensez à vérifier s'il existe des groupes facebook de commandes groupées près de chez vous pour réduire les frais de port),
• Chez votre boucher, qui peut vous donner des chutes de découpe et les morceaux moins nobles des bêtes abattues (chez nous on récupère facilement 1 kg de déchet de parage de bœuf  gratuit à chaque passage devant le boucher du Super U, qui une fois dénervé et dégraissé donne 500-600 grammes de bonne viande),
• Ou encore mieux, dans votre abattoir local si vous avez la chance d'en avoir un qui pratique la vente aux particuliers,
• Et idéalement, chez les producteurs de votre région qu'il faudra démarcher,
• Enfin, pensez à jeter régulièrement un œil aux "bacs anti-gaspillage" de votre supermarché remplis de produits dont la date de péremption est proche, on y trouve parfois de très bonnes affaires (mon dernier trésor : poulets fermiers bio de 1,6kg chacun pour 4 euros les deux).

Bon appétit!